samedi 2 juin 2018

Au présent

Bonsoir! Bonjour! Me souviens des sœurs qui nous apprenait comment écrire le arobas, le @ elles voulaient pas nous dire à quoi ça servirait.  Hier en regardant un documentaire sur mai soixante-huit j’ai réalisé que les dés étaient pipés, que j’étais destiné à devenir ce que je suis. Un pauvre assisté social, y’en avait pas d’avenir pour moi mai soixante-huit c’était une supercherie. La révolution tranquille c’était pour mon père pas pour moi, j’étais bon pour le moulin à viande. J’ai longtemps essayé de suivre les mots d’ordre révolutionnaire des artistes, j’y suis pas arrivé je suis devenus fou… Secondaire trois c’était déjà beaucoup plus que la scolarité du patriarche, dans ma schizophrénie y’a un complot les animateurs culturels sont à la solde d’Ottawa, fraichement sortis de la toute nouvelle Université du Québec à Montréal on va avoir du monde pour gérer cette toute nouvelle institution qu’est l’aide sociale… Je crois que je suis de la troisième génération d’assisté, me souviens d’un patron qui m’avait conseillé de retourner à l’université, j’en était incapable… Les « fous » aujourd’hui sont disséminés dans la ville on les a sortis de l’asile pour les loger dans des habitations à loyer modique… J’ai peur de vous écrire ça pourtant c’est un constat, les pauvres et les malades se retrouvent toujours au même endroit. En fait mon père était pas assisté, mais les prestataires ont commencés dans sa génération, ensuite c’est moi et après ce sont mes enfants, la pauvreté et la maladie ça semble héréditaire. J’entends d’ici cette femme dire à une autre, « commande toé un chèque! ». J’ai rêvé peut-être trop rêvé que j’allais devenir quelqu’un. Je sors de la douche, je le répète faut jamais l’oublier que malgré la grande pauvreté on peut se laver quand on veut… Le Québec a formé des gestionnaires de programme d’aide sociale, moi je suis du bord des prestataires, je comprends pourquoi y’a des itinérants, quand ils ont un appartement, ils se sentent envahis par des agents qui déplacent délicatement les choses chez eux, ils préfèrent les dortoirs des refuges, je sais pas si vous comprenez. Soixante et un ans presque soixante-deux je retournerai pas sur le marché du travail, je vais continuer à rêver… C’est pas tellement que j’ai pas voulu travailler c’est que j’ai pas pu… Je suis de ceux qui sont nés pour un petit pain, un nègre blanc d’Amérique qu’on disait à une autre époque. Je suis pas vraiment un lumpenprolétaire ,  je sais pas comment me définir, une espèce de vieux voyous comme ils disent, un vieil anarchiste… Je pense aux vieilles cabanes dans les bois de Val-Morin, je sais pas pourquoi, j’aimerais bien passer quelques jours à la campagne pour faire un feu. Le climatiseur est arrêté, y’a pas d’humidité. Je réfléchis un peu pour vous terminer ça sur une bonne note, quand je travaillais je me voyais toujours ailleurs maintenant je suis bien chez moi! Je termine en vous remerciant d’avoir lu jusque-là!!! À la prochaine j’espère!!!
Bernard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire