Bonjour!
Bonsoir! Journée grise, j’ai finalement reçu du courrier… Je sais pas quoi vous
raconter je suis vidé, sur le trottoir y’a des vers de terre et dans le parc c’est
vert… Sur la rue les gens passent dans leurs chaises motorisées. C’est jeudi,
dans le temps c’était la journée de la paye, toujours le souvenir de ces
petites usines dans lesquelles je travaillais. Je me rappelle de la première où
je m’épuisais dans du travail à la chaine pour un dollar vingt-cinq de l’heure
à assembler des chaises de jardin. J’entends encore le bruit des machines poinçonneuses
c’était y’a plus de quarante ans. Je vous raconterai pas ça, ce sont de mauvais
souvenirs quand même à cette époque-là j’avais encore la tête légère, la
maladie m’avait pas encore rattrapé… Je pense à vous, avez-vous eu des passages
difficiles dans votre vie? De la maladie? Moi j’ai pas pu faire autrement que
devenir grave, une vie dramatique. Je sais ça sert à rien de regarder en
arrière c’est le passé, au présent je vous écris pour pas devenir abrutis.
Écrire! La belle affaire tout le monde peut… Je vous en veux pas de cesser de
me lire, écrire dans le vide c’est moins engageant. Je sais que je suis un
pauvre type, un pauvre type à la santé ruinée. Bon! J’arrête là les
lamentations, les histoires de con, parfois je veux en finir, mais y’a toujours
un copain qui me téléphone on discute et je change d’idée. Je suis pas guéris
mais je vais mieux, je ne consulte plus je fais mes choux gras de la
psychiatrie. Je sais pas pourquoi je vous écris ça c’est un peu la
schizophrénie, ça auras été longtemps mon thème cette maladie. Je suis toujours
dans la quête de mon senti… Les belles phrases me sont interdites. Je pense au
show que j’ai fait lundi passé, c’était bien. Tout à coup j’ai de la peine, je
me lamente encore, je devrais regarder ce que j’ai plutôt que ce que j’ai pas,
j’aime pas beaucoup cette psychologie de pacotille… Lundi quand j’ai joué, y’a
une collègue qui je crois avais peur que je lui vole la vedette, elle m’a passé
les paperasse de son texte dans la face, c’est pas grave mais c’était pas prévu
comme ça. Disons que j’avais affaire à un gros égo c’est une personne qui prend
beaucoup de place. Voilà où j’en suis… Je regarde la pluie, y’a les sirènes des
ambulances qui hurlent, y’a longtemps, et c’est tant mieux que j’ai téléphoné
au neuf un un… C’est étrange j’ai commencé à me rétablir quand le psychiatre a
pris sa retraite. Quand je le rencontrais j’avais pris l’habitude d’arriver
très en avance depuis ce temps j’arrive tôt à tous mes rendez-vous. Je vais
vous dire et vous allez croire que je suis vraiment fou parfois je me met à
genoux, ça me calme et je me prends pas pour le nombril du monde. Merci d’avoir
lu jusque-là!!! À la prochaine j’espère!!!
Bernard
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